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Photo du rédacteurRunWithPezz

La Barkley version grossesse - 2ème et dernière édition

En 3 mots : Alitement - Incohérences - Miracle



FICHE TECHNIQUE

  1. Nom de la course : La Barkley version grossesse

  2. Distances : Infinie jusqu'aux étoiles et au delà

  3. Lieu de la course : Hôpital d'Etampes, Hôpital de Corbeil, le camion des pompiers et mon canapé

  4. Nombre d'éditions : 2ème (et dernière !)


SOMMAIRE

Préambule

1er trimestre : Une euphorie bien vite oubliée

2ème trimestre : Madame vous êtes inconsciente

3ème trimestre : Quand le mental devient le problème

Et Finalement

 

PREAMBULE


La Barkley

Le principe : 5 boucles de 20 miles environ, donc en gros 160km et 20 000 mètres de D+ à grimper.

Les règles : pour terminer la "fun run", il faut boucler 3 tours en moins de 40 heures et pour être un finisher, il faut faire les 5 tours en moins de 60 heures.


Ma grossesse

Le principe : 9 mois de 30 jours environ, donc en gros 270 jours et 10 kg de plus à porter.

Les règles : pour terminer cette "fun grossesse", il faut boucler 6 mois en moins de 10 contractions et pour être finisher, il faut fabriquer un bébé en moins de 9 mois.


Notons également que la récompense pour le finisher est dans le cas de la Barkley la fin des nuits blanches, et dans le cas de ma grossesse, le début de celles-ci (bien qu'un gros entrainement préalable ait été réalisé hein (coucou les crampes, remontées acides, cauchemar et "j'ai faim à 4h du matin").

Les douleurs post épreuve sont dans les 2 cas bien présentes, bien que situées en règle générale à des endroits du corps bien différents !


Voici pour les similitudes entre ces 2 épreuves où le sentiment d'être passé sous un bus et le refrain du "pourquoi", "plus jamais" aura raisonné à un moment donné dans notre esprit.


 

1ER TRIMESTRE - Une euphorie bien vite oubliée


PETITE APPARTEE "N'ayez pas peur"


Les événements que je vais relater dans ce récit peuvent avoir un effet négatif sur une envie de grossesse ou sur la vision du corps médical, des professionnels de santé, sur la confiance en votre corps ou sur votre envie de participer au réarmement démographique (car nous sommes de bons citoyens évidemment).


Mais rappelons que chaque grossesse est unique.

Chaque individu est unique.

Chaque interprétation est unique.

Et surtout, statistiquement, si ça m'est arrivé à moi, il y a moins de chances que ça vous arrive à vous.


PAS DE REPIT, C'EST DEJA LA M*****


Nous sautons à pieds joints, sans chaussures de trail et sans ravitos dans cette seconde grossesse (après tout, elle ne peut pas être pire que la première) avec l'innocence d'un marathonien sur son 1er trail car notre transfert d'embryon (TEC) a encore une fois fonctionné du 1er coup ! Statistiquement c'est incroyable et je sens la chance envahir chaque cellule de mon corps !

Cette grossesse sera géniale je le sens ! (raté Madame Pezz-Irma) 


Ma joie à eu une durée de vie égale au chocolat du ravito du 50ème km. Quelques secondes.

J'ai un rdv avec Madame X qui prononce les gros mots qui suivent :

5 mots (moches en plus) vont avoir raison de mon optimisme : béance du col de l'utérus (diable que mon vocabulaire a été enrichi de notions indispensables à ma survie ces 2 dernières années). 

1 mot viendra m'achever : alitement. 


Non. Non. Non. Je suis enceinte de 5 jours (oui je l'ai su très très très tôt #grossesselapluslonguedumonde) et vous me parlez d'alitement ? (En vrai j'ai dis poliment : "êtes-vous certaine de votre diagnostic Madame X ?")


Et me voilà, enceinte de 5 jours, et au coeur non pas des Alpes mais d'un tourbillon d'angoisses. Le diagnostic de Madame X est le suivant :

  • je dois être alitée dès aujourd'hui,

  • je dois faire un cerclage (c'est une opération Mac Giver : chirurgie visant a fermer le col avec une ficelle mais qui peut provoquer une fausse couche),

  • j'ai un risque de fausse couche jusqu'à 6 mois de grossesse,

  • j'ai l'interdiction de porter Roméo (mon fils de 2 ans pour ceux et celles qui ne me connaissent pas bien),

  • je dois faire un suivi avec une spécialiste, Madame VEM, toutes les semaines.


BAM la Pezz, tu croyais quoi ? 


Et s'en est suivi un 1er trimestre de stress, de vomissements et de rdv avec la fameuse spécialiste rebaptisée par mes soins "Madame VEM" (Vous Êtes Méchante) ou dans mes moments les plus sombres PMSC (pauvre Mégère sans cœur) et vous remplacez Mégère par Conne et vous y êtes. 


Lors de notre 1er rdv, elle m'annonce que même si j'ai une béance, elle ne la voit pas, que sa collègue Madame X est trop alarmiste, que nous verrons dans quelques mois mais que je ne dois PAS faire de cerclage. Elle me conseille même de partir en vacances et de marcher à mon bon vouloir !


1 même cas et 2 diagnostics contradictoires. Magnifique. C'est vrai que nous parlons du risque de me casser un ongle et non pas de perdre mon bébé. 

Mais Madame VEM étant une spécialiste, je me fis à son jugement.

A 350 euros l'échographie et 120 euros la consultation (chaque semaine, non remboursée par la secu. Je vous laisse faire les calculs pour le plaisir ?), je me dis qu'elle doit être vraiment le top du top, la crème de la crème ? Non ?

L'argent ne fait pas le talent ?

Vraiment ?


En tout cas, sur ces bons conseils, nous partons en vacances ! Je suis aux anges ! La roue tourne ! Le karma ! Tout va bien ! Youpi youpi ya ! 


 

2ème TRIMESTRE - "Madame vous êtes inconsciente"


Béance, pas béance mais béance ?


Au retour des vacances, le lendemain de notre arrivée à la maison, je constate que j'ai des saignements importants. Je ne panique pas, je sais que ça peut arriver, mais n'étant pas sereine depuis le début vous l'aurez compris, je file à l'hôpital non pas en endurance fondamental mais en sprint.

Et là, je me fais littéralement "enguirlander".


Le docteur Y me demande :

"Madame pourquoi n'avez vous pas fait de cerclage avec votre béance du col ? ".

Hein ?

"Maintenant c'est trop tard pour cette intervention"

Hein ??


Le diagnostic du docteur est sans appel, il me faut du repos strict, en dehors de mon rdv hebdomadaire avec Madame VEM (à 2h de route de chez moi).


S'en suivent donc les rdv avec Madame VEM la spécialiste, et je me demande à quel moment ses meeting hebdo ont été les plus dérangeants :

  • Lorsque je lui raconte mon rdv à l'hôpital et mes saignements et qu'elle me répète que je n'ai pas de béance mais que "on verra à la fin de la grossesse",

  • Lorsque ses échographies m'ont fait mal tellement la pression mise sur mon ventre est forte (et croyez moi, j'ai fais 1 écho par semaine pendant presque 6 mois donc je SAIS que ca ne doit PAS faire mal),

  • lorsqu'elle râle et refuse dans un premier temps de me révéler le sexe de notre bébé, puis accepte en soufflant et en disant qu'elle trouve que "c'est n’importe quoi de vouloir connaître le sexe du bébé : vous devriez être heureuse qu'il soit en bonne santé et c'est tout". Oui, ok mais bon quand même...A tel point que je culpabilise presque de vouloir connaître le sexe de mon futur enfant (bouh vilaine maman qui veut se projeter dans sa maternité !),

  • ou lors de l'échographie T2 qui vérifie tous les aspects physiques de bébé, lorsque Madame VEM me dit à la fin que "tout est OK mais bon je ne compte pas les doigts, si il en manque de toutes façons vous le verrez à la naissance". Lors de ce même rdv, elle accepte de me faire une échographie 3D de 5 secondes chrono parce que "de toute façon vous allez me demander donc voilà regardez, hop c'est fait". 20 minutes montre en main, 350 euros, merci.


L'échographie, la culpabilité et le désenchantement c'est gratuit, comme la bière de l'arrivée.

A quel moment peut-on parler de la psychologie des accompagnants plutôt que de parler de la psychologie des futurs parents ? (j'anticipe les dérives d'interprétation, encore une fois, ici pas de généralité, mais le récit d'une expérience).


Puis (suspens), voilà, un nouveau retournement de situation met fin (à ma plus grande joie) à mes aventures avec Madame VEM, quand à 24 semaines de grossesse je rencontre un nouveau défi que je vais devoir gérer jusqu'à mon accouchement (à mon plus grand regret).


 

3ème TRIMESTRE - Quand le mental se retourne contre toi


Hôpital : hospitalisation n°1


Un week-end, Cyril est à Grenoble avec notre fils lorsqu'à 22 heures je me rends compte que j'ai des saignements, encore une fois, mais plus importants et surtout j'ai un mauvais pressentiment.

Clairement, je panique et en moins de 3 minutes, en pyjama, je saute dans ma voiture direction l'hôpital.


La sage-femme m'annonce que je ne rentre pas à la maison, mon col a commencer à s'ouvrir. "Madame vous avez une béance du col". (merci pour tout Madame VEM). 

Je me vois administrer un traitement (comme pour Roméo) pour stopper le travail et faire maturer les poumons de bébé. Le traitement, fort heureusement fonctionne bien et, au bout de quelques jours je rentre à la maison mais en étant alitée de façon très stricte : je ne peux plus RIEN faire. 


Hôpital : hospitalisation n°2


4 semaines plus tard, en pleine nuit j'ai de grosses contractions, très grosses.


Cyril appelle les pompiers et je file à l'hôpital. Je suis à 28 semaines (6 mois de grossesse). La sage-femme m'annonce que je suis en travail, et que je vais accoucher dans la nuit.


Elle m'administre en urgence les perfusions pour arrêter les contractions et accélérer la maturation des poumons de bébé pour la seconde fois de cette grossesse.


Les pronostics vitaux de notre bébé ne sont pas bons, à ce stade, elle pèse 800 grammes environ.

Je passe une nuit atroce et surtout seule. Cyril doit rester à la maison pour Roméo car nous n'avons personne pour le garder.


Je passe la nuit, je tiens 1 jour, 2 jours, 3 jours.

Au bout d'1 semaine j'ai rencontré les médecins pour qu'ils m'expliquent la gestion d'un bébé prématuré, on m'expose les risques, le taux de survie, la couveuse...mais je suis autorisée à rentrer chez moi.

Avant la sortie, le médecin vérifie mon col, mais il est passé de 18 cm à 8 cm, je suis transférée en urgence dans une maternité qui accueille les bébés extrêmement prématurés parce que "Madame vous allez accoucher d'ici 1 ou 2 jours".


Ambulance, fatigue, stress, pleurs. J'arrive à l'hôpital et les médecins demandent à m'installer en salle de naissance, je crie "Non je n'accouche pas !" Mais ils ne m'écoutent pas, il y a du monde, du bruit, je suis seule et je panique clairement (ce que je ne sais pas encore c'est qu'il n'y a plus de salle de disponible c'est pourquoi on m'installe en salle de naissance) et on me dit que quelqu'un va venir. Il est 22h.


À 3h du matin, un médecin arrive enfin, il m'ausculte. Mon col est à 21cm : je n'ai rien à faire là.

...

...

VOUS VOUS FOUTEZ DE MOI ???

Sachant qu'un col ne peut pas se refermer, je ne peux pas être passé de 18cm à 8cm puis à 21 cm. C'est impossible ! Je passe la nuit à penser, réfléchir, je ne comprends plus rien, je suis soulagée mais totalement perdue entre ces différents diagnostics qui n'ont aucune cohérence. Je m'écroule de fatigue sans avoir aucune réponse supplémentaire.


Le lendemain Cyril vient me chercher, je continue à être 100% alitée avec une surveillance chaque semaine à domicile par une (super) sage-femme.

Et je respecte ça à la lettre. 

29 semaine, ça passe

30 semaine, contractions, hop à l'hôpital ! 


Hôpital hospitalisation n°3


Professionnel de santé 1 : vous allez accoucher dans la nuit 

Professionnel de santé 2 : vous pouvez aller au terme

Professionnel de santé 3 : vous ne tiendrez pas jusqu'à 32 semaine

Professionnel de santé 4 : vous avez une béance du col, vous accoucherez bientôt 

Professionnel de santé 5 : je ne vois pas de béance.


Nouveau mantra : rester saine d'esprit, rester saine d'esprit. Surtout rester saine d'esprit.

Finalement les contractions passent, retour à la maison.


31 semaine, ça passe

32 semaine, objectif numéro 1 atteint !

33, 34, 35, 36, 37, incroyable objectif atteint, bébé est viable !

Je peux me lever, marcher !


"Madame vous faites un blocage mental"


38, 39 semaine, le col ne bouge pas, à l'hôpital on me parle de déclenchement !

Ahurissant, c'est un grand n'importe quoi. Bébé ne veut plus sortir !


D'après plusieurs personnes et professionnels de santé, vu mon col (ouvert et très favorable), si je n'accouche pas, c'est psychologique : j'ai tellement souhaité que bébé reste au chaud, qu'elle ne sort plus !


Je deviens spécialiste des activités pour accélérer l'ouverture du col :

  • marche quotidienne de 2h par jour,

  • tisane de feuille de framboisier,

  • ballons,

  • yoga de déclenchement,

  • acupuncture,

  • decollement des membranes,

  • quelques tours par l'Italie (!)

Mais rien ! 


 

ET FINALEMENT


39 semaine et 3 jours, 18h, j'ai un 3ème rdv pour une séance d'acupuncture et un 2ème décollement des membranes pour accélérer l'ouverture du col car bébé est très très (très très très) bas et les douleurs sont intenses.

Et finalement, ça fonctionne, à 1h du matin je retourne à la maternité et à 6h notre adorable Jeanne née : A TERME et en pleine forme.


Nous aurions ou l'appeler Miracle ou WTF mais nous l'aimons déjà trop pour ça.


Une chose est certaine, c'est une guerrière, comme sa maman !




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